Robin Zeng est originaire d’un village des montagnes du Fujian, au sud-est de la Chine.

Titulaire d’un Doctorat de l’institut de physique de l’Académie chinoise des sciences, il débute sa carrière au sein d’une entreprise de construction navale appartenant à l’état de sa province natale.

Il consacre ensuite de nombreuses années de sa carrière aux batteries au lithium pour produits électroniques avec son entreprise ATL, créée en 1999.

Ses clients de l’époque sont des fabricants de gadgets ou de téléphones mobiles tels que Motorola, Nokia ou Apple implantés dans ce sud de la Chine, à l’époque «l’usine du monde». Repérée par le japonais TDK, célèbre pour ses cassettes audio, ATL est revendue à TDK en 2005 pour 100M$. Souvent perçu comme l’anti-Elon Musk de par sa discrétion, Robin Zeng n’est pas moins ambitieux. En 2011, à 43 ans, l’ingénieur réalise un pari audacieux : celui de monter un spin-off d’ATL dans les batteries pour automobiles. C’est le début de Contemporary Amperex Technology (CATL). Robin est visionnaire, nous sommes aux débuts de ce marché aujourd’hui très lucratif et seulement un millier de véhicules à énergies nouvelles se vendent en Chine cette année-là. Un an plus tard, Robin Zeng obtient un partenariat avec BMW. CATL multiplie les partenariats et compte aujourd’hui parmi ses clients Volkswagen, Ford, Daimler ou encore Hyundai. Le fabricant est en concurrence avec son compatriote BYD, le japonais Panasonic, l’américain Tesla et les sud-coréens Samsung SDI et LG Chem. En 10 ans, le discret entrepreneur a fait de son entreprise l’un des plus grands producteurs mondiaux de batteries pour véhicules électriques, avec des projets d’expansion dépassant largement ceux de Tesla.

L’entreprise, basée à Ningde, non loin du village natal de son fondateur, a connu une croissance fulgurante ces dernières années.

Une croissance soutenue par les provinces et le gouvernement central chinois qui compte faire de la Chine le leader de l’automobile de demain en dopant le marché des véhicules électriques et hybrides rechargeables. Au départ encore lié à ATL et à TDK, l’entrepreneur profite de son apport technologique mais choisit de s’en séparer complètement en 2015. Une décision éclairée puisque CATL bénéficie l’année suivante des subventions à l’achat de véhicules électriques équipés de batteries de production purement nationale. Robin Zeng investit massivement en R&D et profite de son positionnement «pure player» qui rassure les constructeurs. Contrairement notamment à BYD qui fabrique également des voitures. En 2018, le dirigeant passe à la vitesse supérieure en lançant CATL à la bourse de Shenzhen. Valorisée 10 Md$ à son entrée en Bourse, l’entreprise a vu son action bondir de 44% quelques jours après. L’entreprise est aujourd’hui valorisée 141Md$. Robin Zeng a vu sa fortune exploser depuis et il n’est pas le seul à bénéficier de cette ascension fulgurante. En effet, CATL peut se targuer d’avoir généré neuf milliardaires, soit plus que Google et Facebook (huit). Seul le fabricant chinois de sauce soja Foshan Haitian aurait fait de même.

L’année 2020 a été florissante pour l’entreprise. Son chiffre d’affaires a bondi de 10%, son bénéfice net de 22% et 2021 s’avère prometteuse.

En effet, avec l’arrêt de nombreuses subventions et l’ouverture à une concurrence plus large, la conquête du marché international est l’objectif n°1. Robin Zeng mise sur la multiplication de partenariats et la hausse des ventes mondiales. Depuis début 2020, CATL est d’ailleurs fournisseur de la gigafactory Tesla. 2021 est aussi l’année d’ouverture d’une usine CATL en Allemagne au plus proche des constructeurs automobiles. L’entreprise dispose déjà d’une usine géante à Ningde ayant pour mission de développer des batteries de nouvelle génération. Robin Zeng vit à Ningde en Chine. Très silencieux dans les médias, on sait néanmoins que le dirigeant détient 26% des parts de CATL.