Né en Chine, Su Hua ne vient pas d’un milieu privilégié. On raconte que l’entrepreneur a grandi dans la province de Hunan, dans un village sans électricité jusqu’en 1992.

Malgré tout, le jeune homme sort diplômé d’un bachelor en Science de l’université de Tsinghua. Il débute sa carrière chez Google aux Etats-Unis puis chez Baidu.
Lors de son passage de deux ans chez Google, Su Hua travaille sur l’optimisation des systèmes d’information. Il réfléchit aux différents problèmes de l’humanité pouvant être résolus avec l’intelligence artificielle. Ces expériences l’inspirent et lui donnent l’envie de créer sa propre entreprise. En 2011, donc bien avant l’arrivée de Tik Tok (Douyin en Chine), il s’allie à Chen Yixiao, ancien employé de Hewlett-Packard. Il créé KuaiShou, à l’origine un service permettant de créer des Gifs (successions d’images mises en mouvement couramment utilisées sur internet). 
Deux ans plus tard, alors que les smartphones gagnent en importance, KuaiShou prend un virage et se transforme en une plate-forme permettant aux utilisateurs d’enregistrer et de partager de courtes vidéos, souvent de la vie quotidienne. Su Hua est alors persuadé que la solitude, dans un monde de plus en plus numérique est un problème important et que cette plateforme est une réponse. La baseline de KuaiShou est d’ailleurs « capturer le monde, partager votre histoire ».

« J’ai trouvé le secret du bonheur: capturer des idées et des moments de la vie, puis les partager avec le monde dans des vidéos », déclare Su Hua.

En 2013, l’application atteint 100M d’utilisateurs quotidiens. En 2019, ce chiffre dépasse les 200 M d’utilisateurs quotidiens actifs. Le succès de KuaiShou repose en partie sur la possibilité d’introduire des algorithmes de recommandation spécifiques basés sur le comportement en simultané des utilisateurs, notamment pour éviter de proposer toujours le même style de contenus. Ce qui pose un défi sans précédent : la capacité à gérer et de traiter l’énorme quantité d’informations. En effet, la plate-forme compte plus de 5 Md de contenus générés par les utilisateurs depuis ses débuts. La volonté de Su Hua peut sembler quelque peu idéaliste : élever le niveau de bonheur avec la technologie. C’est pourquoi l’idée est de ne privilégier aucun utilisateur et de donner de la voix aux individus « ordinaires ». Alors que Tik Tok s’adresse à des citadins et des influenceurs, KuaiShou cible surtout des ruraux et des travailleurs migrants à travers la Chine.

2^ème leader en Chine derrière Douyin (Tik Tok), KuaiShou (Kwai ou Zynn en dehors de la Chine) n’est pas inconnue à l’étranger.

L’application s’est exportée sur le marché international fin 2017 et est en tête des téléchargements sur Google Play et l’App Store dans 8 pays (dont la Corée du Sud, la Russie, la Thailande ou encore la Turquie). Bien que TikTok de ByteDance, rival de la vidéo courte, soit mieux connu en dehors de la Chine, KuaiShou est entré dans le secteur plus tôt et reste un poids lourd. Précurseur depuis sa création, l’app est également la 1ere de l’industrie à introduire une fonction de « contrôle parental » qui protège les enfants et les jeunes.

Enfin, Su Hua a su mener à bien une introduction en bourse record. Avec une valorisation de plus de 180 Md$ et une levée de fonds de 5,4 Md$, c’est la plus grosse IPO dans le secteur de la tech depuis Uber en 2019.

Le cours de l’action a presque triplé dès le 1er jour de cotation !  Tencent (22%) ou encore Blackrock sont investisseurs. 
L’application ne génère pas uniquement ses revenus via la publicité. KuaiShou fonctionne également sur un système de cadeaux et de récompenses décernés aux créateurs de contenus et s’aventure aujourd’hui sur le terrain des jeux mobiles avec achats intégrés et de l’e-commerce.
L’entrepreneur vit à Pékin avec son épouse. Su Hua détient 11,8% de la société soit 19,2 Md$. Chen Yixiao, son associé, détient une participation de 9% d’une valeur de 15,3 Md$. Leur participation comprend également des actions spéciales représentant 10x les droits de votes des actions ordinaires.