Le parcours de Kim Beom-Su est un exploit dans un pays où les plus grandes richesses sont détenues par une poignée de conglomérats familiaux.
Il grandit dans la pauvreté. Ses parents élèvent leurs 6 enfants dans une seule et même pièce dans un quartier populaire de Séoul. Ils enchaînent les menus travaux contraints de laisser leurs enfants se débrouiller seuls. Mr Kim dira plus tard que cette autonomie lui a inculqué le sens des responsabilités. 1er de sa fratrie à rejoindre l’université, il termine ses études en génie insdustriel en offrant des cours particuliers et parfois même en sautant certains repas. Malgré une allure très décontractée, l’entrepreneur avoue dans une interview que ces difficultés l’ont aidé à se construire.
Il débute sa carrière chez Samsung en même temps que Lee Hae-Jin, fondateur de Naver, le Google coréen.
Son job consiste au développement d’un service de communication en ligne pour le service informatique. Il quite l’entreprise cinq ans plus tard et créé Hangame, 1er portail coréen de jeux en ligne. Son homologue Lee Hae-Jin créé simultanément Naver. Les deux entreprises fusionnent en 2000 et deviennent NHN Corporation. À cette époque, l’entrepreneur travaille jour et nuit en tant qu’homme d’affaires et programmateur. Il raconte dans une interview qu’alors il lui arrive de craquer dans un mélange d’émotions contraires, une fierté immense contrebalancée par la peur de ne pas pouvoir rémunérer ses salariés. Après cinq ans d’existence, NHN déménage à la Silicon Valley pour développer ses activités aux Etats-Unis. La mission s’avère plus difficile que prévue, néanmoins M.Kim y voit des opportunités. Hypnotisé par l’iPhone, il pense à développer des applications pour cet appareil qui lui semble révolutionnaire. Ne trouvant plus sa place chez NHN, il quitte l’entreprise en 2007.
Après plusieurs tentatives infructueuses, il créé KakaoTalk, une application de messagerie mobile.
La plateforme a un succès immédiat avec plus d’1M d’utilisateurs en un mois. En quelques années, Kakaotalk est devenue incontournable sur le marché coréen, 90 % des smartphones du pays sont équipés de l’application. L’entrepreneur ne s’arrête pas et fait l’acquisition de Daum Communications Corporation, le 2ème moteur de recherche du pays derrière Naver.
Dans la lignée des géants de la tech américains ou chinois, il bâtit un véritable écosystème allant de la société d’investissement, la plateforme de e-commerce ou encore l’application de contenu pour enfant.
Plus récemment, en 2017 il diversifie encore ses activités avec Kakao Mobility, une plateforme de transport regroupant des services de taxis, chauffeurs privés et parking. La même année, Kim Beom-Su lance KakaoBank, une banque en ligne, ce qui est une véritable révolution pour un pays très étatique et réglementé. En trois semaines, elle devient 1ère sur la distribution de crédits à la consommation, devançant les 19 banques du pays, y compris Kbank, la banque en ligne lançée quelques mois plus tôt. Les chiffres sont impressionnants: 300 000 comptes ouverts en 24h, 1,5 M de clients en une semaine. Après deux ans, d’existence, elle reste l’application bancaire la plus utilisée du pays, de par son expérience utilisateur et sa facilité d’utilisation à l’image des autres interfaces du groupe. Korea Investment , Ebay ou encore Tencent sont investis au capital. Kim Beom-Su souhaite démanteler la culture de la hiérarchie et se fait appeler Bryan par ses employés. Il a récemment nommé Jimmy Rim, un des plus jeunes dirigeants du pays à la tête des opérations de Kakao. L’apparition d’entrepreneurs tels que Kim Beom-Su a créé un climat propice à l’innovation avec un assouplissement de l’environnement et une volonté politique de soutenir les entreprises coréennes. Kim Beom-Su vit à Séoul avec sa femme et ses deux enfants. La famille partage sa passion des jeux en ligne. L’entrepreneur aime à plaisanter sur le fait qu’il aurait pu « mal tourner » s’il y avait eu des jeux en ligne à son époque. Il détient 26% de Kakao Corp.
« Un navire est plus sûr dans un port mais ce n’est pas ce pour quoi il est fait »
EN QUELQUES CHIFFRES
- Siège à JEJE en Corée du Sud
- 8 117 employés, 2672 pour Kakao Talk
- Chiffre d’affaires 2019 2,5 Md$
- PREMIÈRE messagerie mobile du pays (90% des smartphones)
- Capitalisation boursière 11 Md$
FOCUS SUR L’ECOSYSTÈME KAKAO
- KakaoGames
- KakaoCommerce
- KakaoPay
- KakaoBank
- KakaoInvestment
- KakaoBrain
- KakaoMobility
- KakaoKids
À 53 ans, Kim Beom-Su, un des rares selfmade man de Corée du Sud est à la tête de KakaoTalk, 1ère messagerie du pays. Sa fortune s’élève à 3,4 Md$. (source : Forbes 2020).