Li Shu Fu, L’Henri Ford chinois, à l’origine de geely

03 janvier 2020

L’histoire de Li Shu Fu débute en 1963 à Taizhou, petite ville côtière du Zhejiang en Chine, dans une famille de riziculteurs.

Comme dans bon nombre de chinese dream, la flamme entrepreneuriale de Li s’est allumée grâce à un billet de 100 yuans (13 euros) que lui donne son père. L’entrepreneur, âgé de 18 ans, fait alors l’acquisition d’un appareil photo. Il sillonne à bicyclette les sites pittoresques de la région et propose ses services aux touristes. Quelques temps après, le jeune homme lance une activité de recyclage de vieux appareils électroménagers.

C’est le point de départ de Geely (chanceux en chinois) qu’il lance en 1986.

L’entreprise fabrique des pièces détachées pour réfrigérateurs puis les fabrique en entier. Trois ans après, des évènements politiques obligent l’entrepreneur à se retirer du marché. Li Shu Fu en profite pour reprendre ses études et devient ingénieur de l’université de Shenzhen.  C’est dans cette ville nouvelle qu’il achète son 1er véhicule, de fabrication chinoise, qui déclenchera son obsession automobile. Mais le monopole des entreprises d’état le freine dans ses ambitions. Faute de licence, l’homme d’affaires se lance dans les mobylettes. L’achat d’un vieil atelier de camionnettes en faillite lui permet de contourner l’interdiction des autorités. Geely sort ses premiers véhicules le 8/8/1998, chiffre porte bonheur en Chine. Défectueux, car non étanches, ils ne seront pas mis en vente. Comprenant qu’il ne dispose pas encore de l’expertise nécessaire, Li Shu Fu se résigne alors au lancement de véhicules bas de gamme dans les années 2000.

Ses 1er pas sont timides voire moqués par les concurrents du secteur.

Malgré cela, Li Shu Fu finit par obtenir sa licence en 2001 ce qui fait de Geely le 1er acteur officiel du secteur privé. Il comprend vite l’importance du réseau et se rapproche d’un certain Xi Jinping, à l’époque gouverneur de la province du Zhejiang. L’homme d’affaires va de salons en salons, noue des contacts et lorgne des sociétés telles que Ford qui de prime abord le tiennent à l’écart. Il n’oublie pas ses rêves de belles voitures et se fournit de plus en plus chez des équipementiers internationaux sans pour autant augmenter ses marges, une façon de fidéliser sa clientèle. Ford, en difficulté après la crise de 2008, se sépare de Volvo Cars. En 2010, Geely en devient le 1er actionnaire. Malgré quelques inquiétudes des salariés, Li respecte l’autonomie du constructeur suédois, qu’il voit comme un «tigre». Aux interrogations des syndicats concernant son investissement, il répondra «parce que je vous aime».

Li Shu Fu a su se positionner en Europe afin d’acquérir un savoir-faire tout en offrant à ces sociétés l’ouverture aux usines et au marché chinois.

La marque Volvo a depuis a cumulé les récompenses en 2018 et a enregistré des ventes records. Elle a annoncé en 2019 une croissance de 13,9% de ses ventes mondiales, notamment en s’appuyant sur ses gammes électriques. De cette alliance est née la co-entreprise Lynk & co,  qui propose des véhicules développés en Suède et fabriqués en Chine. La marque cible les jeunes urbains avec une offre s’inspirant d’un Netflix de l’automobile : toutes équipées, sans option, pas de concessionnaire, ventes sur internet et dans des boutiques Lynk, la marque propose aussi une interface de partage pour louer son véhicule. En 2013, Geely a repris les taxis londoniens LEVC et lourdement investi depuis pour l’electrification de la gamme.  Depuis 10 ans, Li Shu Fu s’est distingué par ses nombreuses acquisitions en Europe : rien qu’en 2017, la société a repris le malaysien Proton (49,9%), sa filiale emblématique de voitures sportives Lotus (51%), Terrafugia (start-up américaine qui travaille sur des voitures volantes). Il est également devenu 1er actionnaire privé d’AB Volvo (8,2%), 2ème  fabricant de camions et bus, et enfin à la surprise de tous, de l’institution automobile allemande Daimler (9,6%) en 2018. Récemment, Daimler a consenti la production de ses Smart à Geely. De quoi affoler les autres acteurs du secteur qui pressentent la création d’un empire mondial. L’entrepreneur ne s’arrête pas là et participe à la levée de fonds (50M d’euros) de Volocopter qui a pour actionnaire majoritaire Daimler... L’entrepreneur vit à Hangzhou en Chine avec sa femme. Il est passionné de poésie et adore écrire des vers à ses heures perdues. L’outsider de l’automobile chinois, longtemps sous-estimé n’a pas fini de faire parler de lui.

EN QUELQUES CHIFFRES

  • Siège à Hong-Kong
  • Chiffre d’affaires 2018 : 15Md$
  • Capitalisation boursière : 17 Md$ • Propriétaire de Volvo, des taxis londoniens LEVC, de Lotus et Terrafugia  
  • 1er actionnaire privé de Daimler et d’AB Volvo •
  • Bénéfices 2018 : 1,7 Md$ en hausse de 15% sur un 1 an
  • Présence dans 23 pays • 52 400 employés
  • 7ème constructeur en Chine

LE SECTEUR DE L'AUTOMOBILE EN CHINE

  • 1er marché mondial avec 29M de véhicules en 2018 vs 17M pour les USA
  • Taux d’équipement encore faible : 141 voitures pour 1000 habitants vs 800 aux US et 600 en Europe

À 56 ans, Li Shu Fu est le fondateur et le Président de Geely Automobile, un des leader automobile chinois. L’entrepreneur est classé 8ème de la China Rich list avec une fortune estimée à 13,4 Md$ (source : Forbes 2019).

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