Né dans une famille rurale, rien ne prédestinait Mickaël Minhong Yu à l’entrepreneuriat ni à un succès aussi impressionnant.

Contrairement aux pratiques de l’époque, sa mère l’encourage à suivre des études secondaires. Après deux échecs à l’examen de qualification universitaire, il perd un an supplémentaire lorsqu’il attrape une pneumonie. Il est finalement accepté à l’université de Pékin d’où il sort diplômé d’un bachelor d’anglais. Alors que Mickaël choisit d’enseigner à l’université, fonction qu’il occupe de 1985 à 1991, nombreux sont ses camarades qui partent à l’étranger pour poursuivre leurs études. Lui-même tente l’expérience en postulant dans des universités américaines. Comprenant que son salaire d’enseignant ne sera pas suffisant, Mickaël commence à donner des cours pour une structure d’enseignement privée. À force d’acharnement, il est accepté au bout de trois ans dans plusieurs universités. Malheureusement sa demande de visa se solde par un échec. Il réalise alors qu’il apprécie travailler avec les étudiants de cette façon et qu’il est plutôt doué.

Rapidement, la possibilité de lancer sa propre structure de formation germe dans son esprit.

À cette époque, la politique pour les enseignants est de ne pas enseigner à l’université et dans le privé simultanément. En 1993, deux ans après avoir quitté son poste de professeur d’université,  l’enseignant fait son choix et décide de se consacrer pleinement au lancement de New Oriental. Au départ spécialisée dans la préparation aux tests de langues étrangères et notamment d’anglais, l’entreprise se diversifie rapidement et intègre le tutorat, du primaire au secondaire, ainsi que l’éducation en ligne. La marque de fabrique de l’entreprise provient de la méthodologie qui combine des techniques d’apprentissage ludiques et des valeurs éducatives traditionnelles. Mickaël Minhong Yu débute en étant le seul professeur. Les premiers temps sont difficiles. Les journalistes et Mickaël lui-même se plaisent à raconter que pour faire connaître ses services, il se promenait, hiver comme été, dans les rues de Pékin avec des seaux de colle pour accrocher ses affiches. Ces difficultés passées, il réussit à embaucher d’anciens camarades de classe qui occupaient pourtant d’importants postes à l’étranger. La société est côtée en bourse à New York depuis 2006.

C’est d’ailleurs la 1^ère entreprise d’enseignement chinoise à entrer en bourse.

En 2019, New Oriental compte plus de 44,8M d’étudiants, 33 900 enseignants dans 83 villes, un réseau de 95 écoles, 1233 centres d’apprentissage et 15 librairies en ligne et hors ligne. Depuis 2015, Mickaël Minhong Yu dirige une partie des investissements vers la digitalisation et en particulier vers l’intelligence artificielle. Par ailleurs, New Oriental a mis en place de nombreux partenariats avec des structures telles que ETS, Bell Education ou encore Oxford University. Le marché de l’enseignement privé, en plein essor, est dominé par New Oriental et son principal concurrent Tal Education. Pour garantir un service hautement qualitatif et une implication de ses salariés, le dirigeant a mis en place une rémunération basée sur l’innovation locale. La culture d’entreprise se veut très forte et construite autour de la créativité. Les employés et principalement les cadres dirigeants sont encouragés à participer à la création de nouvelles idées. Lors d’une interview, Mickaël Minhong Yu a livré sa définition des 4 dimensions d’un esprit entrepreneur : l’esprit d’aventure, qui sous-entend être préparé à la prise de risque et à l’échec; la résilience, permettant de rebondir et transformer les echecs en opportunité; l’esprit d’équipe, être conscient du travail de son équipe et de son importance et enfin  l’esprit d’innovation afin de permettre à l’organisation d’être en perpétuelle amélioration.

M.Yu pense également qu’un entrepreneur doit être idéaliste et ne pas chercher à ne faire que du profit.

Mickaël Minhong Yu vit à Pékin avec son épouse et ses deux enfants. L’homme d’affaires déplore parfois le manque de vie privée que lui confère son statut de milliardaire et PDG en Chine. Tout comme Jack Ma, l’entrepreneur, que l’on surnomme également « le parrain de la formation en anglais » est une véritable star en Chine et donne de nombreuses interviews ou conférences.